Avant de nous intéresser à l’intérêt d’une médiation au moment de la séparation d’un couple, focus sur la définition de ce processus dont tout le monde parle mais dont peu sont capables d’en expliquer le contenu réel.
« La médiation, qu’elle soit judiciaire ou conventionnelle, est un processus structuré reposant sur la responsabilité et l’autonomie des participants qui, volontairement, avec l’aide d’un tiers neutre, impartial, indépendant et sans pouvoir décisionnel ou consultatif, favorise par des entretiens confidentiels, l’établissement et/ou le rétablissement des liens, la prévention, le règlement des conflits » (extrait du Préambule du code national de déontologie du médiateur).
En définitive, la médiation est un processus qui permet de créer du lien entre deux ou plusieurs personnes et qui peut aboutir à la prévention et à la résolution de conflits existants ou à venir.
Qu’un couple soit marié ou non, le moment de la séparation reste un moment difficile à gérer où s’entremêlent des émotions parfois accumulées depuis longtemps et qui s’expriment de manière souvent désordonnée à cette occasion.
Colère, manque de considération, vengeance, tristesse, violence… qu’il s’agisse de la personne qui a pris la décision de se séparer ou de celui qui la subit, il s’agit de comprendre que les deux souffrent à leur manière.
Lorsque ces sentiments prennent le dessus sur la raison, la séparation est systématiquement prise comme une occasion de revendiquer son dû ou de faire « payer » l’autre pour son comportement.
Ainsi, nous assistons parfois à des séparations dites « à rallonge », chronophages, violentes et destructrices pour toute la famille.
Or, dans la majorité des cas, aucun des deux parents n’a de volonté réelle de faire du mal à l’autre ou à la cellule familiale.
Se libérer des émotions négatives en les exprimant
Se libérer de ces émotions négatives en les exprimant, en profitant d’un moment d’écoute de l’autre et en étant certain d’être entendu suffit souvent à désamorcer la situation et à apaiser les débats relatifs aux aspects juridiques de la séparation.
Les sujets à aborder sont nombreux et lourds de conséquences que le couple soit marié ou non: La prestation compensatoire, le domicile conjugal, les crédits en cours, la résidence des enfants, la contribution à l’éducation et à l’entretien…
Lors de la séparation du couple, une action en justice peut être introduite devant le juge aux affaires familiales, cette action se matérialise pour les couples non mariés par l’introduction d’une requête aux fins de fixer les modalités liées à l’exercice de l’autorité parentale et pour les couples mariés, une requête aux fins de divorce dans le cas des divorce contentieux.
Lors de l’introduction de ces actions, le Juge aux affaires familiales peut proposer ce qu’on appellera une médiation judiciaire. C’est-à-dire que le juge peut proposer aux parents de rencontrer un médiateur dans l’enceinte du palais de justice afin d’arriver à un compromis sur certaines mesures sur lesquelles il devra statuer.
Cette médiation n’est pas obligatoire mais représente une occasion à saisir d’apaiser les tensions et d’éviter que l’audience devant le juge ne tourne à la destruction de l’autre.
Il faut avoir à l’esprit que la séparation d’un couple, a fortiori quand des enfants sont issus de ce couple, relève de la responsabilité des deux parents.
En définitive, que le recours à la médiation se fasse à l’initiative des parents avant l’action en justice (médiation conventionnelle) ou à l’initiative du juge lorsque l’action est introduite (médiation judiciaire), ce processus est un moyen de parvenir à des discussions importantes sur des sujets fondamentaux qui impacteront gravement la vie des parents et des enfants après la séparation.
La séparation du couple ne doit pas être considérée comme un moment de passivité pendant lequel on confie à un magistrat la lourde tâche de régir « notre vie d’après ». Une attitude proactive et un dialogue devraient dans l’idéal être de mise ne serait-ce que pour protéger les enfants à qui on impose la séparation et qui ne peuvent se protéger eux-mêmes.
Quant à l’issue de la procédure judiciaire qu’elle soit amiable ou contentieuse, un nouveau paradigme apparait : chacun son domicile/ les enfants passent de l’un à l’autre…comment trouver la bonne façon de faire avec l’autre parent ? De communiquer ? D’échanger ?
C’est encore une occasion de recourir à la médiation. Il s’agirait de continuer à consulter un médiateur au moment où la décision est rendue afin de mettre en place une nouvelle façon de communiquer sur les enfants, à défaut d’avoir parfois pu la mettre en place avant la séparation.
Toutes ces situations sont nouvelles tant pour les parents que pour les enfants.
Ne serait-ce qu’en cas de garde appelée « classique » (résidence chez un des deux parents et un droit de visite et d’hébergement week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires pour l’autre parents), les parents doivent pouvoir être capable de communiquer à tous les instants de ce qui concerne les enfants, doivent pouvoir parler ensemble des problématiques qui les concernent, de leur évolution, de leur développement.
A l’issue de la séparation, le couple marital n’existe plus mais le couple parental perdure, il s’agit d’utiliser la médiation comme un outil qui permet de traverser ce moment difficile avec l’aide et les compétences d’un tiers neutre et impartial, de continuer à élever ses enfants dans l’apaisement, en toute intelligence, en restant maître de son destin.